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LA DOUBLE MAÎTRESSE

gulier. Sa longue et jaune figure semblait toute penaude.

— « Entrez, M. Laverdon, cria une voix, et toi, reste ici, maraud. »

Et M. de Portebize parut sur la porte. Basque se tenait le dos collé au mur avec une inquiétude visible.

— « C’est donc toi qui as fait la chose ? Bourgogne m’a tout avoué. Vous êtes tous deux de beaux faquins. Comment ! des pendards que j’habille, que je nourris et que je paye ! Je te chasse, entends-tu ? Je te… »

Basque grimaçait de plus en plus ; la bile de son visage se fonçait ; de laid il devint affreux, d’affreux horrible et d’horrible piteux.

Basque s’efforçait de pleurer, mais il n’eut pas le temps d’y parvenir.

M. de Portebize l’avait saisi au collet, fait pirouetter et lancé à travers le vestibule. Puis il referma la porte sur la dégringolade du gaillard tombé à quatre pattes sur le carreau.

— « Figurez-vous, Monsieur Laverdon, qu’hier soir, une fois rentré, je m’allais mettre au lit quand j’entends un léger bruit dans mon cabinet. Basque et Bourgogne s’étaient retirés ; je prends mon bougeoir ; j’ouvre, je tire à moi et j’amène au milieu de la chambre, devinez qui ? Mme  de Meilhenc, encapuchonnée et confuse. Jugez, Laverdon, de ma surprise et de ma colère quand elle me dit, tout en larmes, que son amour lui avait indiqué ce stratagème, qu’elle avait pensé attendre que je fusse au lit pour se glisser sous mes draps et pro-