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LA DOUBLE MAÎTRESSE

vés au bout de l’allée. Ils tournèrent sur leurs talons et recommencèrent leur promenade. Il y avait grand monde au jardin, ce jour-là. Toutes sortes de gens s’y coudoyaient, M. de Clairsilly lorgnait à droite et à gauche.

— « Ah ! fit-il, je gage que voilà bien l’illustre M. Laverdon. Que diable fait-il ici à cette heure ? Il n’y a personne à coiffer ; courrait-il les filles ou irait-il au jeu ? »

M. Laverdon s’avançait lentement, en homme d’importance ; il avait sa plus belle figure et son plus bel habit.

M. de Clairsilly l’interpella :

— « Où allez-vous ainsi, maître Laverdon ? »

M. Laverdon répondit à la familiarité de M. de Clairsilly par un salut cérémonieux.

— « Chez M. de Portebize, Monsieur, qui m’a fait l’honneur de m’appeler, et je me rends à ses ordres comme je ferais aux vôtres, Monsieur.

— C’est bien inutile, M. de Bercherolles n’a plus de maîtresses qui me plaisent. Dites-moi, Laverdon. M. de Portebize a-t-il quelque chose qui vaille la peine qu’on s’en occupe ?

— M. de Portebize a qui il veut en ce moment, Monsieur ; il est l’homme le plus couru de Paris, et j’y cours, répondit galamment M. Laverdon qui salua avec dignité et disparut derrière un groupe de trois demoiselles auxquelles M. de Clairsilly lança en un regard une triple œillade. »

M. Laverdon se dirigeait vers le logis de M. de Portebize. Il monta prestement l’escalier et pria Basque de l’introduire. Le laquais avait un air sin-