Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/316

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contribuassent à le desservir auprès de leur hypocrisie, employa le peu qui lui restait de bon sens à faire maison nette, pensant par là servir la cause de son élection.

Lucia poussa les hauts cris, menaça de faire scandale et de crier sur les toits les façons dont le cardinal entendait l’amour. Elle en savait long à ce sujet, car elle avait assisté aux derniers feux du vieillard et elle avait été témoin des bizarreries par lesquelles il cherchait, sinon à en ranimer l’éclat, du moins à en attiser les cendres. Aussi aurait-elle pu amuser le public de diverses particularités et anecdotes qui eussent plus renseigné sur l’imagination du cardinal qu’édifié sur sa vertu et qui n’eussent pas manqué de divertir les oreilles du conclave.

Au moment où il s’ouvrit en 1769, Lucia, sous le nom d’Olympia, était installée depuis quelques mois dans une jolie maison proche de la villa Ludovisi et acquise pour elle des deniers de Lamparelli qui joignit à ce don un fort cadeau d’argent et de meubles. Le cardinal la laissa à ses affaires et alla aux siennes. Il avait hâte d’échanger le chapeau contre la tiare.

Il n’en fut rien. Lamparelli s’agita prodigieusement, intrigua, cabala, manigança les votes, pelota les partis, eut le sien. Sa tête s’échauffa à ces brigues et à ces visions. Son corps souffrit de l’incommodité des cellules, du mauvais air et de tous les inconvénients de cette électorale prison. L’élection tardait, si traversée de menées diverses qu’elle menaçait de durer éternellement si l’Esprit