Lucia revint souvent au petit pavillon du jardin. Lamparelli finit par l’y installer. Son caprice pour elle devint un goût. Du pavillon, Lucia passa au palais, d’abord sous les combles ; puis publiquement, elle y eut un appartement. Le cardinal raffolait de sa nouvelle passion. Il fit pour elle mille folies et ressentit à son égard une faiblesse singulière jusqu’à laisser introduire au palais Angiolino.
Angiolino était devenu un fort joli garçon. Il se présenta au cardinal d’un air modeste et doux et se contenta du plus humble service. Il avait de bonnes façons qu’il devait à un gentilhomme français, M. de la Terroise qui, frappé de sa bonne mine, se l’attacha jusqu’à en faire une sorte de compagnon. Angiolino conservait de cette aventure à l’italienne plusieurs fort belles bagues dont son maître lui avait fait présent et dont il portait les chatons à l’intérieur du doigt, afin que l’on ne vit pas trop au dehors les pierres de prix qui s’y trouvaient enchâssées.
Une fois dans la place le jeune homme s’y comporta avec tant de souplesse et d’habileté qu’il y acquit bientôt une certaine influence sur l’esprit du cardinal. Lucia et Angiolino retrouvèrent aisément leurs privautés d’autrefois ; mais, au lieu de rôder en haillons par les rues de Rome, ils prenaient leurs plaisirs, bien nourris et à l’aise, derrière le dos du cardinal qui n’y voyait goutte. Cette belle vie dura plusieurs années jusqu’à ce que, la santé du Pape étant fort précaire, Lamparelli qui avait des vues sur la tiare et qui craignait que ses mœurs, quoique communes à plus d’un des conclavistes,