Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/332

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cause, il se fût reproché, comme une faiblesse indigne de lui, de témoigner aucune curiosité. Tout en enfilant son aiguille, il regardait à la dérobée M. de Galandot, mettant son honneur à ce qu’il parlât le premier. M. de Galandot ne s’y décidait toujours point. Il restait immobile et silencieux. On entendait de temps à autre le craquement sec du bec de la pie et le trotte-menu des points cousus. Cela pouvait durer indéfiniment par l’inertie de l’un et l’obstination de l’autre. Au-dessus grattait le bruit du balai de Mme  Cozzoli qui nettoyait la chambre où Theresa et Mariuccia dormaient encore.

Enfin M. de Galandot toussa à plusieurs reprises et d’un air suppliant ; Cozzoli considéra cette marque de gêne comme une avance suffisante et n’y tint pas. La toux de M. de Galandot fit s’envoler la pie qui quitta son épaule pour celle de Cozzoli.

— « Où diable Votre Seigneurie a-t-elle bien pu s’enrhumer ? dit le tailleur. Nous sommes en plein été, tellement que M. Dalfi m’a commandé, hier encore, trois habits légers, dont l’un gris, à cause de la poussière qui est grande par ces temps secs ; c’est elle qui vous aura pris à la gorge. Votre Seigneurie veut-elle un verre d’eau ? Theresa ou Mariuccia vous l’apportera, bien que toute cette jeunesse dorme encore ; mais je les vais faire lever pour aller au puits. »

M. de Galandot fit un geste de remerciement.

— « Certes, continua Cozzoli, je ferai remarquer à Votre Seigneurie que c’est la première fois