Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/333

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qu’elle visite à pareille heure ma pauvre boutique et que bien m’en prend d’être debout au chant du coq ; sans cela vous eussiez trouvé porte close, ce qui vous eût fort contrarié, car je gage que l’habit de Votre Seigneurie a besoin de quelque reprise urgente, et qu’il y a bien quelque accroc à recoudre ou quelque dégât à réparer. »

Comme M. de Galandot ne répondait toujours pas, Cozzoli partit alors dans un interminable discours où il énumérait toutes les causes qui avaient bien pu amener M. de Galandot chez lui, de si bon matin. Cozzoli avait cela de particulier qu’il était en même temps songe creux et burlesque. Ses imaginations tournaient vite à la facétie. Aussi M. de Galandot dut-il écouter attribuer à sa sortie matinale les raisons les plus saugrenues, car peu à peu la mauvaise humeur du petit tailleur disparaissait dans le plaisir qu’il prenait à ses propres plaisanteries.

Et ce fut en riant très haut qu’il en vint à demander à M. de Galandot si quelque querelle avec la vieille Barbara n’était pas tout bonnement le motif de sa venue.

— « Quand je dis querelle, bouffonnait Cozzoli, Votre Seigneurie m’entend bien. Mais je crains toujours que ma digne tante, à force de vivre auprès d’un honnête seigneur comme vous-même, lui sacrifie l’étrenne de son antique vertu. »

Cette farce réjouissait, d’ordinaire, toute la maison et la plus indirecte allusion aux amours de la tante Barbara divertissait extrêmement Theresa et Mariuccia.