Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

intentions substituaient aisément au discours une mimique où il n’y avait guère à se méprendre et où, à défaut de l’accord des paroles, l’entente des gestes s’établissait à merveille. En ces occasions, Olympia laissait sa beauté parler pour elle, et la réponse ne manquait pas de se produire. Mais M. de Galandot faisait la sourde oreille et Olympia n’osait pas mettre en usage les moyens qu’elle employait d’ordinaire pour animer les muets.

Il lui sembla vite qu’elle se tenait là depuis des heures ; de temps à autre elle souriait, et M. de Galandot, à chaque fois, rougissait de tout le visage sous sa perruque et regardait fixement le bec de sa canne. Il faisait chaud. Olympia pensait au plaisir qu’elle aurait eu à ce moment à s’étendre et à dormir. Un bâillement invisible inquiétait sa bouche. La situation se prolongeait et le vis-à-vis durait. Olympia hésitait à engager la conversation, ne sachant trop par où entreprendre ce silencieux et grave personnage qui paraissait tout engourdi sur sa chaise et qui portait, en une démarche plutôt équivoque, une décence si réservée. Ils en restaient là quand la petite chienne longtemps tranquille au giron d’Olympia s’étira, remua les oreilles, se mit sur ses pattes, examina curieusement M. de Galandot et jappa trois fois.

Quand M. de Galandot fut parti, sur cela, après avoir salué cérémonieusement Olympia, elle demeura tout ébahie et sans savoir que penser de cette bizarre visite dont l’issue la laissa perplexe et dont le récit sembla fort embarrasser Angiolino, car elle avait un peu l’air d’une fuite.