Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/346

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Il se remit peu à peu de son accident. Olympia venait lui tenir compagnie dans sa chambre. Elle ne cherchait plus à renouveler la scène de l’autre jour. De son côté, M. de Galandot semblait avoir complètement oublié sa tentative malencontreuse. Angiolino conseillait d’attendre. « Ces vieillards sont singuliers, disait-il, et leurs caprices souvent incompréhensibles. L’essentiel est qu’ils soient généreux. » La valeur du collier d’émeraudes rassurait Olympia sur ce point, mais il s’agissait de n’en pas rester là. La maladie servit de prétexte à introduire la question d’argent. Angiolino présenta modestement une note des dépenses qu’avaient occasionnées les soins du médecin. La façon dont M. de Galandot l’acquitta montra bien qu’il ne lésinerait pas en toute autre occasion.

Ce singulier pensionnaire avait pris ses habitudes dans la maison. Le matin, Angiolino le voyait se faire la barbe au petit miroir suspendu à l’espagnolette de sa fenêtre. Il l’observait. M. de Galandot se rasait soigneusement et longuement. Souvent, il restait indécis, le rasoir levé, et tournait la tête comme s’il entendait quelqu’un derrière lui.

D’ordinaire, il était tranquille et taciturne, mais Angiolino et Olympia remarquaient qu’il sursautait facilement. Le moindre bruit inattendu le faisait tressaillir de surprise et, chaque fois qu’on ouvrait une porte, il semblait éprouver une crainte furtive qui lui crispait tout le visage et lui remontait l’un de ses sourcils, tandis que l’autre s’abaissait