Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/358

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de cailloux pour amuser à ce jeu sa petite cousine Julie. De sorte qu’en réalité la situation singulière de M. de Galandot aux ordres d’Olympia se trouvait parfaitement conforme à son passé et que le jeune homme de vingt ans, qui jadis obéissait sans besoin aux médicaments de sa mère, préparait le barbon de cinquante-huit ans, qui se levait au moindre geste de l’Italienne pour lui ramasser son éventail, tirer le store ou courir au gré de son caprice.

Peu à peu, à vrai dire, du service individuel de la personne d’Olympia, M. de Galandot descendait aux soins généraux de la maison. Il commençait même à ressentir cet orgueil particulier aux domestiques d’avoir bien accompli un ouvrage dont on l’avait chargé. Il se montrait déjà naïvement fier de certaines tâches. Une, entre autres, le rehaussait à ses propres yeux.

Olympia n’avait plus confiance qu’en lui pour soigner sa petite chienne Nina depuis qu’on avait surpris Jacopo à lui jouer de mauvais tours, ce qui lui valut d’Angiolino une bastonnade d’où il sortit l’échine lasse et les reins meurtris. Dès lors, ce fut M. de Galandot qui prépara chaque matin la pitance de Nina et la baigna dans un grand baquet au milieu du jardin. La petite bête se laissait faire assez tranquillement. Il la savonnait gravement ; sous sa longue main maigre, elle devenait toute mousseuse ; puis il l’aspergeait, et l’on voyait sauter du bain, parmi des éclaboussures d’eau savonneuse, une espèce de boule, grasse et lisse, qui jappait et que M. de Galandot,