Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/359

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pour qu’elle séchât mieux, excitait à courir avec de grands gestes. Mais, à certains jours, la chose allait mal. Nina devenait hargneuse et arrogante, tournait en aboyant autour de son baigneur, happait les longues basques volantes de son habit et finissait par lui mordre les mollets.

Ce spectacle divertissait infiniment Olympia et Angiolino qui le regardaient de la fenêtre. Ils y apparaissaient au saut du lit et souvent dans une attitude peu équivoque. M. de Galandot levait vers leurs rires ou leurs baisers un œil indifférent. Il n’ignorait rien de ce dont ils ne faisaient du reste aucun mystère. Il avait accepté tout sans rien dire, de même qu’il ne semblait point s’apercevoir des visiteurs d’occasion que le rufian continuait d’amener à sa maîtresse et qui passaient la nuit avec Olympia et dont il voyait le matin, dans le corridor, le jeune Jacopo cirer les souliers et brosser les habits en sifflant entre ses dents.

Même sans une entrée fortuite dans la chambre d’Olympia qui lui montra, un jour, la jeune femme aux bras d’Angiolino, M. de Galandot n’en eût pas moins découvert leurs amours, car, s’ils en étalaient crûment les caresses à portes ouvertes, ils n’en cachaient guère les querelles. La maison retentissait alors de leurs cris. M. de Galandot se trouvait donc le témoin de leurs brouilles et de leurs raccommodements. Aussi bien qu’il voyait Angiolino culbuter sans façon sa maîtresse, il avait vu Olympia danser à demi nue sous la canne de son amant. C’étaient de terribles batteries d’où Angiolino se tirait déchiré de coups d’ongles et