Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/360

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d’où Olympia s’enfuyait la face chaude de larmes furieuses.

Ils se prenaient aux cheveux et, au milieu des sièges renversés, des objets cassés, des tentures salies par les bouteilles et les flacons qu’ils s’étaient d’abord lancés à la tête, ils formaient un groupe hargneux et hurlant, autour duquel la petite chienne Nina tournait en poussant des glapissements plaintifs, tandis que M. de Galandot, la scène terminée, ramassait les meubles à terre, essuyait les flaques de vin ou les fruits écrasés, réunissait en tas les éclats des verreries, dont ses écus, le lendemain, réparaient le dégât, à moins qu’il ne se tînt immobile, la tête basse et les bras pendants, à écouter, par la porte ouverte et qu’ils n’avaient pas même pris le soin de fermer, les ébats des deux amants qui achevaient leur colère en un combat amoureux où ils mêlaient leurs souffles courts et leurs corps deux fois fatigués.

M. de Galandot écoutait… il y avait de longs silences, des soupirs, des rires… et il restait l’oreille tendue, jusqu’à ce qu’un appel le fit tressaillir en sursaut. On appelait Jacopo, mais M. de Galandot répondait involontairement au lieu du petit valet, comme si, à force d’en avoir rempli l’office, il en eût partagé l’état, et c’était lui qui revenait, apportant sur une assiette les oranges et les citrons que le drôle et la drôlesse mangeaient, à la fin de ces journées orageuses, pour se rafraîchir la bouche.

Ils mordaient tour à tour, au même fruit, et