Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/372

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les singes maintenant, excités par cet exemple, prenaient part à la lutte. La mêlée était générale. Hargneux, provocants et acharnés, ils s’attaquaient de la griffe et de la dent avec des gambades, des sauts et des contorsions. Le cardinal, à cette vue, se démenait dans son fauteuil doré. Sa figure jaune grimaçait, et il agitait ses mains frénétiques, qui ressemblaient à des feuilles mortes dans le vent.

Les choses allaient tout à fait mal. Les robes rouges se déchiraient par lambeaux qui battaient l’air au bout de bras furieux. Par les trous apparaissaient des nudités velues. Il y avait des poussées et des assauts. Parfois deux groupes se heurtaient et n’en formaient plus qu’un où se confondaient les adversaires en un combat indistinct. Cela dura ainsi pendant quelques minutes, puis, sans raison, le calme revint et les combattants de tout à l’heure se retrouvèrent subitement assis sur leur séant. Palizzio, grommelant encore, prenait fraternellement ses puces à Francavilla qui contemplait le bout de sa queue mordue et saignante et, seul, se retenant d’un bras aux barreaux de la grille, le singe blanc à face papelarde, de l’autre main, troussait sa robe et, de là-haut, d’un jet fin, puis goutte à goutte, pissait de peur sur le sable.

Le cardinal était retombé hébété au fond de son fauteuil en même temps qu’entre les pins quatre porteurs approchaient avec une chaise. Lorsque le vieillard fut monté, les marauds reprirent les bâtons et, comme M. de Galandot s’avançait à la portière pour saluer, il reçut juste dans son chapeau tendu un écu d’or et, stupéfait, il fût resté