Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/382

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jurons de colère, l’œil mauvais et les mains hostiles.

Ils en étaient là quand ils entendirent du bruit au dehors. Le vacarme des voix les appela pieds nus à la fenêtre. Elle donnait à l’arrière de la maison sur une petite place, déserte d’ordinaire et qu’ils virent pleine de monde. Des groupes de femmes y riaient et y gesticulaient et une bande de polissons y faisait tapage en agitant leurs guenilles sur leurs corps grêles et souples. C’étaient de ces petits mendiants comme il en pullule à Rome, qui harcèlent les passants et jouent aux osselets sur les dalles, en même temps serviles et turbulents. Angiolino ne devinait pas la raison qui avait bien pu les assembler là pour jeter contre le mur des cailloux, du sable et des pommes de pin. Tout à coup une nouvelle troupe les vint renforcer, au milieu de laquelle, porté sur les épaules de ses camarades, un bambin, à toison noire et frisée comme celle d’un bélier, haussait, au bout d’un bâton, une perruque d’homme.

Olympia et Angiolino poussèrent un double cri. C’était la perruque même de M. de Galandot.

Il montait l’escalier et ils l’entendaient venir. La porte ouverte, il se précipita et resta immobile au milieu de la chambre.

Son habit déchiré ne lui tenait plus au dos. Les basques en avaient été arrachées. Un de ses bas, la jarretière rompue, avait glissé le long de la jambe qui apparaissait maigre et couverte de longs poils gris. Sa chemise passait par son gilet déboutonné. Il était couvert de poussière. Une