Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/386

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Il arriva ainsi à la porte de la salle de bains. Il hésita un instant, puis, poussant le battant du genou comme il faisait naguère, il entra.

Olympia se baignait ; sa tête sortait seule de l’eau ; elle avait la nuque appuyée au rebord de sa baignoire et laissait flotter son corps allongé. Auprès d’elle Angiolino se tenait debout, les mains mouillées ; il venait sans doute de chercher sous la transparence de l’eau les charmes humides de sa maîtresse.

M. de Galandot posa le réchaud sur une tablette et attendit.

En le voyant, Olympia se redressa brusquement et s’assit. Son torse ruisselant émergea. On entendait un petit clapotement et le bruit des gouttes qui tombaient de ses bras élevés dont elle rajustait sa chevelure. Les gouttelettes brillantes coulaient le long de sa chair polie et s’amassaient sous l’aisselle d’où elles retombaient une à une, comme d’une algue naturelle, brune et frisée. Puis elle croisa ses bras sur sa poitrine et dévisagea M. de Galandot collé au mur de tout son corps et de ses deux mains aux doigts écartés.

— « Comment ! c’est toi ! Mais d’où viens-tu donc ? Je te croyais parti et parti encore sans dire adieu. Et te revoilà ?… Oui, on s’en va un beau jour, sans crier gare. Envolé, le bel oiseau, parti, disparu, décampé ! On le cherche, rien. Tu sais, j’ai d’abord cru que Lamparelli t’avait fait enfermer par mégarde avec ses singes. Il paraît que non. Tu es donc allé chez des femmes ? Dis-moi donc ? Est-ce que tu as trouvé mieux ? »