Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/387

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle s’était mise debout et soupesait sa gorge assouplie.

Angiolino s’essuyait tranquillement les mains et regarda M. de Galandot d’un air goguenard. Olympia reprit :

— « Eh bien ! je m’étais habituée à toi. Voyons, ne te trouvais-tu pas bien chez nous ? Qu’est-ce que tu nous reproches ? »

À mesure qu’elle parlait, elle s’échauffait. Elle croyait, en ce moment, d’assez bonne foi, que M. de Galandot l’avait véritablement offensée. En même temps à sa colère se mêlait l’intention d’enlever au vieux gentilhomme le désir de recommencer son escapade. Elle se savait maintenant assez nécessaire à son habitude pour user de la prise que lui donnait sur lui le besoin qu’il avait d’elle. M. de Galandot écoutait tout cela en silence. Il passait avec embarras sa main sur son crâne chauve et remontait sa culotte dont la ceinture trop large pour sa maigreur ne tenait guère à ses reins.

— « Est-ce que tu n’étais pas heureux avec nous ? continuait Olympia ; que te manquait-il ? Tu es nourri, logé, soigné, gâté. Tout le monde est aux petits soins pour toi, Angiolino et moi !… Il a confiance en toi ! Est-ce qu’il ne t’a pas envoyé porter les singes à Lamparelli, Lamparelli, un cardinal et qui a manqué d’être pape ?… Tu es le père de la maison. Tu sais tout ce qui s’y fait. Est-ce qu’on te cache quelque chose ? Tu prends la meilleure place à table. Angiolino ne manque pas d’y porter ta santé. Tu es le maître de tout, tu fais ce que tu veux. Je t’aimais bien. C’est toi qui baignais