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XIII


Il fallut qu’Angiolino lui tînt la main pour qu’il traçât les lettres de son nom au bas d’un billet destiné à M. Dalfi. Angiolino descendit pour cela aux cuisines où M. de Galandot s’était réfugié de son propre gré et d’où il ne sortait plus guère ; il vivait à l’office et au vestibule, devenu un serviteur modèle. Il s’était mis de lui-même à la besogne qu’on voulait bien lui confier. Ni la Julia, ni Jacopo, non plus que la Romagnole, ne le ménageaient. Aucun travail d’ailleurs ne semblait le rebuter et, peu à peu, il en vint aux plus bas et aux plus communs. Il s’y montrait actif et taciturne, allant et venant sans bruit.

On le voyait, les manches retroussées sur ses bras maigres, faire luire des fonds de casseroles et récurer des culs de chaudrons. Parfois il s’oubliait à frotter le même objet indéfiniment d’un geste régulier qu’il eût continué sans nul doute jusqu’au soir si Jacopo ou la Romagnole n’y eussent mis fin. Bonne femme d’ailleurs, cette dernière l’employait à mille services sans le rudoyer. Jacopo aussi le traitait avec douceur.

Ces gens, depuis qu’il avait perdu à leurs yeux,