Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/390

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si l’on peut dire, sa qualité de maître, le considéraient comme l’un d’entre eux et en usaient bien avec lui. La Romagnole, en particulier, l’estimait même pour son habileté à plumer les volailles. Il s’en acquittait fort bien. Assis sur un escabeau, il tenait le poulet entre ses jambes et le nettoyait avec un soin minutieux des moindres duvets, puis une fois la bête nue en son aspect piteux et grelottant, il regardait d’un air singulier les petites ampoules de sa chair dépouillée.

Le travail de M. de Galandot ne se bornait pas là. Il épluchait les légumes. Ses yeux pleuraient aux aigreurs des oignons et des aulx, et la journée ne se passait guère sans qu’il plongeât dans l’eau tiède les plats et les assiettes. M. de Galandot lavait la vaisselle, maniait le torchon et le balai, et Jacopo l’avait instruit à battre les vêtements, à cirer les souliers et à vider les pots.

Moyennant cela, M. de Galandot vivait assez tranquille. Il avait quitté sa chambre d’autrefois et logeait maintenant au rez-de-chaussée, non loin de Jacopo ; il mangeait à l’office et, quand, à table, il entendait quelques vilains propos sur la signora, il rougissait et baissait le nez. Les diverses amours d’Olympia étaient le sujet de plaisanteries assez grossières. La dame, cette année-là, recevait beaucoup de monde. Il y avait à Rome affluence d’étrangers, dont Angiolino ne voulait pas perdre l’aubaine. Ce fut ainsi que M. de Galandot entendit parler de M. Tobyson de Tottenwood. Il le vit même passer dans le vestibule et monter l’escalier.

La haute taille de M. Tobyson, sa perruque blanche