Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/392

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dâtre qu’il portait et le petit bonnet qu’il roulait entre ses doigts avec embarras ; mais son étonnement redoubla quand, outre Olympia, il vit là, debout en sa taille naine et l’aune à la main, le petit tailleur Cozzoli en personne. Stupéfait, M. de Galandot regardait le pavé et tiraillait le coin de son tablier graisseux.

— « Vous allez prendre mesure à M. le comte de Galandot, dit après un silence M. Tobyson en se rasseyant dans son fauteuil, et je veux que l’habit soit fort beau. Servez-vous d’un bon velours pistache que vous galonnerez pour le mieux. N’épargnez rien et faites promptement. »

M. de Galandot, interdit, se laissa faire. Cozzoli tournait autour de lui et le mesurait en tous sens. M. de Galandot écartait les jambes, ployait le bras, se prêtait à tout docilement.

— « Votre Seigneurie sera contente, jacassait Cozzoli affairé. Allons, voilà qui est bien… Ah ! Votre Seigneurie a maigri, quoiqu’elle ait l’air de se bien porter. Comme le temps passe pourtant ! On ne vous voit plus à la boutique. Notre Mariuccia a une fille ; notre Theresa, deux jumeaux : c’est trop d’enfants et pas assez de pères, car Theresa est si distraite qu’elle a oublié de passer par l’église. Que Votre Seigneurie veuille bien se tourner. Encore un moment. »

L’aune s’agitait aux mains du petit tailleur, tantôt accroupi, tantôt dressé sur la pointe de ses pieds.

— « Ah ! cet habit-là me manquait. Je me disais toujours : « Cozzoli, tu as beaucoup habillé et tu