Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/393

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n’habilleras donc jamais le seigneur comte de Galandot. » Ah ! ah ! ah ! vous allez voir, Milord ; je couperai en plein velours. Si ma pauvre tante Barbara vous pouvait donc voir ainsi ? Mais elle est morte, la pauvre femme, trois jours après les noces de Mariuccia, du saisissement d’avoir trouvé son poulailler saccagé, les œufs brisés, les couveuses parties et les pigeons envolés jusque sur le dôme de Saint-Pierre… Et vous savez, la pie sait encore le nom de Votre Seigneurie, quoique la pauvre bête soit borgne maintenant… »

Et M. Cozzoli, ayant replié son bagage, salua la compagnie et s’esquiva dans une pirouette.

M. Tobyson de Tottenwood se leva de nouveau de son fauteuil.

— « Maintenant, Angiolino, tu vas pourvoir M. le comte d’un bon appartement. Dans trois jours, vêtu comme il sied, il reprendra à table la place qu’il n’aurait jamais dû quitter et qui appartient à sa qualité de gentilhomme, et tu le traiteras désormais comme il convient que le soit quelqu’un de sa naissance et de son âge, et si, au lieu que ce fût un simple seigneur de France que tu eusses ainsi méconnu, c’eût été un bourgeois de Londres, je t’aurais démis la mâchoire, brisé les dents et rompu les côtes. »

Et debout en son grand habit rouge M. Tobyson serra d’une façon significative son poing puissant, velu de poils fauves et cordé de veines bleuâtres.

Angiolino se mordit les lèvres. Il se repentait maintenant d’avoir trop parlé et d’avoir raconté à l’Anglais l’état et l’histoire de M. de Galandot.