Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/404

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— « Nous autres Anglais, Monsieur, nous estimons les hommes qui vont jusqu’au bout de leur devoir, de leur passion et de leur fantaisie. C’est pourquoi, Monsieur, je prétends vous admirer. Faire ce qu’on veut, tout est là. Ainsi moi, Monsieur, j’ai juré de ne pas revoir Londres tant que vivra Mme  Tobyson que je déteste. Voici vingt ans que je m’ennuie par toute l’Europe, car il n’y a au monde qu’une seule chose qui me divertisse, Monsieur, me promener par une petite pluie fine sur le pont de la Tamise. »

Et M. Tobyson, pirouettant sur ses larges talons, disparut brusquement par la porte ouverte.

Au dehors, le fouet claqua ; les chevaux frappèrent le sol du sabot ; les essieux des roues grincèrent. Puis le silence se fit et M. de Galandot entendit la voix d’Olympia qui l’appelait.

Il la trouva avec Angiolino ; ils paraissaient joyeux et sournois et fort aises du départ de M. Tobyson ; un mauvais sourire errait sur les lèvres du rufian. Olympia ricanait. Il s’agissait maintenant d’employer la fin de l’après-midi à visiter les villas, celle d’abord qu’Olympia et Angiolino voulaient acheter et dont ils comptaient bien soutirer le prix à M. de Galandot, et ensuite celles qui contiennent des singularités curieuses en bâtiment, parterres, grottes et jeux d’eaux. La promenade fut gaie. M. de Galandot, plus courbé que de coutume, marchait derrière le couple, s’arrêtait avec eux et les suivait à pas traînants. Ils admirèrent ainsi la Mondragone, mais la Belvedere leur plut davantage. Les jardins y sont en