Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/403

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— « Je pars, Monsieur, dit gravement Thomas Tobyson. Je vous emmène. Dans trois jours nous serons à Naples et dans un mois en France. Je vous y conduirai. Laissez la vie absurde que vous menez ici et où vous faites, je vous le répète, piteuse figure. Olympia et Angiolino en crèveront de dépit. Il n’y aura là pas grand mal, vous les avez suffisamment engraissés de vos dépouilles. Dites un mot et vous êtes libre. Réfléchissez. J’attends votre réponse. Le temps de me verser un verre de vin. C’est dit. »

M. Tobyson s’était couvert et choisissait une bouteille. Il attira à lui un verre vide. Lentement, il inclina la panse de la fiasque. Un filet rouge tomba dans le cristal. M. Tobyson versait lentement en regardant, du coin de son petit œil tendre et narquois, M. de Galandot.

M. de Galandot était de la pâleur d’une cire qui eût sué. De grosses gouttes lui coulaient du front. Il tremblait de tous ses membres. Ses dents claquaient. M. Tobyson reposa la bouteille ; le verre était plein jusqu’au bord : il le leva.

— « Eh bien ? » dit M. Thomas Tobyson de Tottenwood.

M. de Galandot laissa retomber ses longues mains le long de son corps maigre et, par trois fois, de la tête, fit signe que non, en fermant les yeux.

— « À votre santé, monsieur de Galandot, s’écria M. Tobyson d’une voix de tonnerre, et il vida le verre d’un seul trait, le coude haut. Sa figure était écarlate. Puis, ôtant son chapeau, il s’approcha de M. de Galandot et le salua profondément.