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Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/416

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La grille franchie et entrés au vestibule qui leur parut d’une architecture fort galante, ils eussent dû y trouver Basque et Bourgogne pour les introduire ; mais les deux marauds se tenaient rarement à leur poste d’antichambre. Il semblait que le goût de la nature les eût gagnés à leur tour, car, le plus souvent, ils s’échappaient et passaient leur temps au bord de l’eau à tendre des filets et à relever des nasses. Aussi MM. de Créange et d’Oriocourt ne trouvèrent là pour leur répondre qu’une jolie soubrette dont ce n’était guère la place et qui se leva pour les recevoir.

Nanette était devenue fort jolie et fort bien prise ; mais il faut croire que son caractère ne s’était point amélioré autant que sa figure, car elle tamponnait de son mouchoir une joue encore rouge et tout ardente d’un soufflet qu’elle venait de s’attirer de sa maîtresse. Il ne se passait guère de jours qu’elle évitât quelque réprimande de ce genre, car la belle Fanchon, si elle avait le pied léger, avait aussi la main leste, et M. de Portebize lui-même l’eût peut-être bien éprouvé tout comme Nanette, si sa soumission n’eût désarmé son irritable et folâtre amie, car Mlle Fanchon était devenue la bergère de ce galant ermitage où M. de Portebize et elle jouaient au naturel et pour de bon les Égarements champêtres.

Cette union charmante, qui ne demandait sa durée qu’à l’amour et ne connaissait d’autres liens que ses nœuds, avait désespéré M. Laverdon et enchanté M. l’abbé Hubertet. M. Laverdon ne s’en consolait point. Pour lui M. de Portebize était