Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

III


Nicolas de Galandot venait juste d’avoir quatorze ans quand il passa aux mains de l’abbé Hubertet. L’abbé, sous sa grosse figure vulgaire, était un homme de cœur et de sens. La tâche d’une belle éducation tentait son zèle novice, et il en voyait plus l’honneur que le salaire. Il brûlait de communiquer à son élève ce qu’il se sentait en soi de la connaissance des hommes et des choses.

Quoique voué à la science par goût et par habit, il n’était point pour cela fermé au monde et à ce qu’il présente de beautés naturelles et inoffensives. Il comprenait les grandeurs terrestres et tout le spectacle divers de la vie. Il pensait qu’il n’était pas mauvais et qu’il n’y avait pas de mal à accepter les joies permises et surtout celles que nous donnent la vue de l’univers et plus spécialement les lieux et les circonstances où nous sommes placés. Aussi aimait-il les fleurs, les plantes et les arbres, la douceur moelleuse de l’air ou sa vivacité piquante, la fluidité et la langueur des eaux, la saveur des fruits.

Il portait cette curiosité jusque dans le passé et se plaisait, par le secours de l’histoire, de la