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IV


Les années du séjour de l’abbé Hubertet à Pont-aux-Belles ne furent point perdues pour Nicolas de Galandot. Si sa nature ne changea point quant au fond, son esprit s’orna d’une surface de connaissances agréables. Il apprit même à raisonner assez bien de ce qu’il savait et à soutenir à peu près un entretien. Il acquit un peu de grec et beaucoup de latin, une teinture d’histoire. L’abbé se félicitait d’avoir tiré pour le mieux parti de cette nature et d’y avoir donné les embellissements qu’elle comportait sans en détruire la proportion.

Mme  de Galandot craignait, au début, quelque entreprise qui cherchât à soustraire son fils à l’autorité directe qu’elle prétendait garder sur lui. Elle se rassura peu à peu à voir l’abbé Hubertet agir avec modération, si bien qu’elle lui en sut gré et le lui montra en le traitant avec des ménagements et une estime particulière. Elle lui tenait compte d’avoir deviné ses intentions et, en entrant dans ses vues, d’avoir contribué à son projet. La vérité sur Mme  de Galandot est qu’elle aimait jalousement son fils et au point de le vouloir tout conserver pour elle. Aussi se l’était-