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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Dans sa main nous porta. Mais que d’événements
De la terre en son cours suivent les mouvements !
Que de mortels, hélas ! en commençant l’année
Se forgeant une heureuse et longue destinée,
Sur la neige volaient dans un léger traîneau,
Quand la mort sous leurs pieds leur creusait un tombeau !
Les uns ont tout à coup éprouvé sa furie
Dans la saison des fleurs, au printemps de la vie,
Quand à leurs yeux charmés le bonheur souriait,
Quand de tout son éclat la nature brillait.
D’autres sont moissonnés au sein de leur famille,
Au moment où joyeux ils prenaient la faucille
Pour faire la moisson ; les villes, les guérets
Sont partout ombragés de croix et de cyprès :
Là sont ensevelis leurs vœux, leur espérance ;
gisent avec eux la haine, la vengeance :
Ne les déterrons point. Ah ! puisse enfin le temps
Emporter sur ses ailes ces noirs ressentiments
Qui dans l’âme allumant les passions cruelles
Sont les avants-coureurs de sanglantes querelles.
Mais quel affreux tableau vient frapper mes regards,
Quels présages le monde offre de toutes parts !
La discorde à son œuvre associant Bellone
Arme les citoyens ; chancelants sur leur trône
Les rois avec effroi regardent ces brandons,
Et voient dans leurs états surgir des factions !
L’Autocrate s’indigne et craint qu’en sa furie
Le midi de ses feux n’enflamme la Scythie ;
Il prépare des fers, il aiguise ses traits,
Son glaive encor fumant du sang des Polonais.
De la Seine et du Rhin les rives agitées
D’une ligue de rois sont encor menacées.
Le Tage avec horreur voit deux frères rivaux
Du sang des citoyens rougir ses tristes eaux.
Au sein des factions, des vents et des orages
L’Angleterre commence à craindre les naufrages.
Du magnanime Tell les heureux descendants,
Croyant voir tout à coup renaître leurs tyrans,
S’assemblent sur leurs monts, remparts de l’Helvétie,
Et bravent la couronne de l’Autriche ennemie.
À nos yeux étonnés s’offre le Vatican
Miné de toutes parts, assis sur un volcan,