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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Sur le fleuve des premiers jours,
Ton berceau s’enfuit et dérive,
Et ton œil suivant son beau cours,
Ne voit que des fleurs sur la rive.

Que de souhaits, combien de vœux
Planent sur ta frêle nacelle !
Quand les flots l’emportent sur eux,
Mon espoir vole devant elle.

Sur les rêves de l’avenir,
Oui, mon âme en riant s’élance ;
Je vois mon bonheur à venir
Dans ce berceau que je balance.

Nul remords, nul triste souci,
Ne rend ton existence amère,
Que le sort te sourie aussi
Comme tu souris à ta mère !

Cher enfant ! quand de mes aïeux
Je joindrai la froide poussière,
Comme ces chants ferment tes yeux,
Que ta main ferme ma paupière !

N. Aubin.

1835.

MONSIEUR DESNOTES.

Monsieur Desnotes était un ci-devant notaire, frais, gaillard, jovial, que son économie, (assistée d’une certaine adresse), avait placé dans un état d’aisance qui lui permettait de vivre sans soucis de l’avenir. Il pouvait avoir à peu près quarante-cinq ans ; sa maison était ouverte à tous ses amis ; sa bibliothèque était soignée et sa cave l’était encore mieux ; son orgueil consistait à faire goûter ses vins à un cercle choisi mais peu nombreux de connaissances, et à montrer à ses clients les rangées de livres qui s’étalaient sur ses tablettes : aussi s’était-il acquis la réputation d’un