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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Dans ces forêts, sur ces montagnes
Le bataillon s’apprête, et sort :
La faulx qui rasait nos campagnes
Soudain se change en faulx de mort.
    Ô terre américaine,
    Sois l’égale des rois :
    Tout te fait souveraine,
    La nature et tes lois.

F. R. Anger.[1]

1836.

LE VINGT-UN MAI.

QUATRIÈME ANNIVERSAIRE.


Quel est ce chant funèbre et ce drap mortuaire
Étalant à nos yeux des marques de douleur ?
Le peuple, le regard fixé sur une bière,
Fait lire sur son front la vengeance et l’horreur !

Le sourd gémissement d’une ombre qui voltige
Sur les rives du Styx vient nous glacer d’effroi,
Et de l’Être Divin cette ombre qui s’afflige
Contre les vils tyrans semble implorer la loi.

Silence… Ô dieux vengeurs ! c’est la voix des victimes
Qui du fond du cercueil fait entendre ces mots :
« C’est d’ici que je veille au châtiment des crimes.
Frappez, concitoyens, immolez nos bourreaux ! »

      Ils sont là, sous ces mausolées !
Fléchissez le genou, ils étaient Canadiens ;
Et leur âme en repos, dans les champs élysées,
Nous promet la faveur des célestes destins.

À toi Chauvin, salut ! accepte cet hommage,
Que j’offre à ta mémoire au nom de mon pays :
Mort pour la liberté, tu vivras d’âge en âge,
Et ton sang coule encor sur des fronts ennemis.

  1. M. Anger est avocat au barreau de Québec. Ce monsieur est l’auteur d’un Traité de Sténographie, et d’un pamphlet historique portant le titre de Révélations du Crime.