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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

Et ces dignes vieillards, Languedoc et Billette,
Victimes comme toi d’un complot infernal,
Tous trois morts innocens ! vos noms, on les répète…
      C’est un hymne national !

Ils les ont égorgés, en plein jour, dans la rue !
Les monstres ! Et le peuple a-t-il vu l’assassin
Sans froncer le sourcil, sans l’écraser soudain,
Sans au moins lui crier : arrête, ou je te tue ?
Le peuple n’a rien fait ; morne, silencieux,
Il a dit seulement en regardant les cieux :
      Mon heure n’est pas venue !

Plus lâches que l’Indien, et plus cruels encor,
Des hommes, achetés et vendus pour de l’or,
Hument l’odeur du sang, et radieux du crime
Du meurtrier qui frappe en fuyant sa victime,
Ils vont, mais l’œil hagard, tranquillement s’asseoir,
Méditant leurs forfaits sur les bancs du pouvoir !

Oh vingt-et-un de mai ! jour, hélas, mémorable !
Ton soleil éclaira des cadavres sanglants.
La liberté gémit sur leur sort déplorable,
Et nous montre du doigt leur criminels tyrans !

      Ils sont là sous ces mausolées !
Fléchissez le genou, ils étaient Canadiens ;
Et leur âme en repos, dans les champs-élysées,
Conserve une auréole à leurs concitoyens.

J. Phelan.

1836.

L’ÉRABLE.


Parti du nord, l’hiver, en frissonnant,
Déroule aux champs son froid manteau de neige
L’arbuste meurt, et le hêtre se fend.
Seul au désert comme un roi sur son siège,
Un arbre encor ose lever son front,
Par les frimats couronné d’un glaçon ;
Cristal immense, où brillent scintillantes,
D’or et de feux mille aigrettes flottantes,