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Page:Répertoire national ou Recueil de littérature canadienne, compilé par J Huston, vol 1, 1848.djvu/359

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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Mais nous n’aurions jamais fini
Si nous disions toutes les choses,
Les étranges métamorphoses
Que le premier de l’an produit…
Sitôt qu’en a brillé l’aurore,
Un nouveau monde semble éclore,
L’âge d’or nous luit un instant
Pour embellir le jour de l’an.

C’est peu pour fêter ce beau jour,
Qu’on se visite, qu’on s’embrasse,
Que l’amitié, l’amour remplace
Haine, rancune tour-à-tour ;
En bienveillance l’on s’épuise,
Chacun en prodigue à sa guise,
Les souhaits vont sur vous pleuvant,
Ah ! qu’il est beau le jour de l’an !

Si tous ces vœux s’accomplissaient,
Le temps pour nous n’aurait plus d’ailes,
Les Parques seraient moins cruelles,
Leurs ciseaux leur échapperaient…
La terre métamorphosée
Deviendrait un autre Élysée
Nous y vivrions comme Adam,
Dans un éternel jour de l’an.

Mais depuis tantôt six mille ans,
Que cette bénigne rosée
Va sur nous tombant, chaque année,
Nos jours en sont-ils plus riants ?
Le malheur toujours nous talonne,
Le trépas toujours nous moissonne,
Le bonheur nous fuit, en riant
De tous ces vœux du jour de l’an.

Mais qu’importe, nous direz-vous,
Que tous ces souhaits s’accomplissent,
Que les immortels nous bénissent,
Que leurs foudres donnent sur nous ?
Feintes caresses, doux langage,
Force souhaits… Voilà l’usage !
Autant en emporte le vent,
C’est le motto du jour de l’an.