m. dolmont. Tant mieux pour toi, mon ami, tu as dû faire tes réflexions auparavant, ceci n’est pas un jeu d’enfant ; tu as voulu servir le roi et tu serviras.
colas. Oui, je servirons, et si j’suis tué, fiez-vous qu’il y a queuq’z’uns qu’en auront pus d’chagrin qu’moi.
m. dolmont, (à part). Je ne sais, mais j’ai des soupçons. (haut) Oh ça ! mon ami, souviens-toi de passer chez moi tantôt, et je te ferai délivrer ce qu’il te faut pour le voyage.
colas. Ça suffit, monsieur, j’n’oublierons pas ça.
Scène VIII.
colas. Enfin, v’ià qu’est donc fini, j’suis enrôlé tout de
bon, et j’vas m’éloigner d’Colinette ! Oh l’ingrate ! l’engeoleuse !
me quitter pour s’enfuir avec c’maudit vieillard !
après ça fiez-vous à la parole des filles ! Allons, faut
prendre une résolution et n’y plus songer. Je serais ben
fou après tout de r’gretter une perfide qui me trahit après
m’avoir emmiaulé, et fait accroire qu’elle m’aimions. Non,
non, c’est fini, je ne l’aimons plus du tout… Cependant
elle avions queuque chose à m’dire que peut-être…
Mais, bah ! queuqu’menterie qu’j’ons ben fait de n’pas
écouter… Si pourtant c’était queuqu’bonne raison…
! c’est ben dur au moins d’là rembarrer com ça !
Ah ! si mes yeux m’avions trompé ! Si c’n’étions qu’un
jeu com elle dit, que j’aurais de plaisir à me raccommoder
aveuc elle ! C’est ma faute aussi, fallait du moins écouter
ses raisons, et puis… Mais la voici, faisons toujours
le fier, et voyons ce qu’elle va dire.
Scène IX.
colinette. J’accours pour t’expliquer enfin l’affaire de tantôt : tu sais que je dois partir ce soir avec le Bailli.
colas. Hé bien ! queq’ça m’fait à moi ?