colinette. Plus que tu ne penses, car il faut que tu sois du voyage.
colas. J’vois ben qu’tu cherches à te raccommoder, mais j’suis trop fâché pour ça.
colinette. Tant pis pour toi, si tu te fâches mal à propos.
colas. Comment, mal à propos ! après ce que j’ons vu et entendu…
colinette. Ne vois-tu pas que c’est une plaisanterie que j’ai imaginée pour nous venger de lui ?
colas. Hé ben ! qu’est-ce que c’est donc ?
colinette. Tiens, voici mon projet : il va venir, il faut que nous allions nous cacher là-bas sous ce feuillage, où il doit me prendre ; aussitôt qu’il sera près de moi fais-lui peur, tu as le bras bon, prends-le moi au collet comme tu ferais à un voleur et ne le lâche pas, en cas qu’il veuille faire résistance ; pendant ce tems-là je me sauverai et ne te mets pas en peine du reste.
colas. Queu diantre d’invention ! C’est-t’y ben vrai ce que tu m’dis-là ?
colinette. Tu m’importunes avec tes questions et ta jalousie. Il y a une heure que je veux t’expliquer cela.
colas. Mais enfin c’t’argent qui t’avons donné, et que j’ons ben vu aussi ?
colinette. Tiens, le voilà ; serre cette bourse, qui me gêne, tu me la rendras tantôt ?
colas. Sarpegué, qu’elle est pesante !
colinette. Je veux la remettre à monsieur Dolmont.
colas. Comment ! tout c’complot de tantôt… ?
colinette. N’est qu’une ruse pour le surprendre.
colas. Oh ! c’est ben différent ! Mais que dira monsieur Dolmont, quand y saura…
colinette. C’est mon affaire, fais seulement ce que je t’ai dit.
colas. Ne t’embarrasse pas, va, je l’étrillerai d’une façon…
colinette. Que veux-tu dire ? ne vas pas t’aviser de…