Page:Répertoire national ou Recueil de littérature canadienne, compilé par J Huston, vol 1, 1848.djvu/55

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colas. Non, non, seulement queuque petites taloches, sans que ça paraisse.

colinette. Prends bien garde, il faut l’arrêter sans te donner le moindre tort.

colas. Mais où c’que tout ça aboutira ? faudra-t’y pas toujours partir demain pour c’te milice ?

colinette. Non, j’espère que quand monsieur Dolmont sera informé de tout, il te donnera ton congé.

colas. Oh ! ma chère Colinette, si ça arrive comme tu dis, tâchons donc d’nous marier ben vite pour finir tout c’train-là.

colinette. Mais, dis-moi, quand nous serons mariés, crois-tu que nous puissions être heureux ? car enfin tu n’as rien, ni moi non plus ; et on dit que la misère engendre souvent les querelles du ménage.

colas. La misère ! Oh ! je n’la crains point, j’ons des bras pour travailler ; et pour les querelles, va, va, laisse-moi faire, je trouverons ben l’moyen d’les appaiser.

AIR.

Dans not petit ménage,
S’il survient queuqu’orage,
Ca n’peut durer longtems ;
Et malgré la misère,
Va, j’aurons bien, ma chère,
Encor de bons petits moments.

Ni l’or ni la richesse
Ne valons la tendresse,
Ca n’peut rendre contents.
Même dans la misère,
Il est encore, ma chère
Souvent de bons petits moments.

colinette. Je l’espère, mais après tout, j’en courrai les risques avec toi.

colas. Comme je vas encore plus t’aimer après tout ça ! et que j’aurai de plaisir à nous venger de c’coquin d’Bailli.

colinette. J’en aurai bien autant que toi ; mais voilà que déjà le soleil est couché, c’est l’heure du rendez-vous