Page:Répertoire national ou Recueil de littérature canadienne, compilé par J Huston, vol 1, 1848.djvu/59

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coups, quelque chose que j’aie pu dire pour me faire reconnaître, et je demande justice de son insolence.

m. dolmont. Justice ? je vous la rendrai, monsieur, je suis instruit de vos menées.

le bailli, (à part.) Il a tout découvert !

m. dolmont. Nous verrons ce que mérite un séducteur qui avait tramé le complot d’enlever de chez moi une fille sur laquelle j’ai les droits d’un père.

le bailli, (à part.) Il faut payer d’effronterie. (haut) Qui vous a dit cela, monsieur ?

m. dolmont. Elle-même.

le bailli. Colinette ?

m. dolmont. Oui, monsieur, Colinette, qui, pleine de mépris pour votre indigne proposition, n’a feint d’y consentir que pour se jouer de vous.

le bailli, (à part.) La coquine ! (haut) Cela n’est pas possible ! sachez, monsieur, qu’elle m’a promis sa foi, et que c’est elle-même qui, pour s’affranchir de l’esclavage où vous la tenez, a volontairement accepté la proposition que je lui ai faite de la soustraire à votre autorité en l’épousant dès ce soir.

M. dolmont. Vous ?

le bailli. Moi.

M. dolmont. Allez, vous êtes un vieux fou.

le bailli. Comment, monsieur, un vieux fou ?

m. dolmont. Oui, monsieur, un vieux fou. Et de quel droit avez-vous osé présumer de la soustraire à mon autorité ?

le bailli. Du droit que lui donne la loi, monsieur, nous la connaissons la loi, on n’est pas homme de loi pour rien ; Colinette est libre de se donner à moi, elle y a consenti, j’en ai une preuve incontestable, et personne n’a le droit de s’y opposer.

m. dolmont. Quelle impudence ! Eh ! bien, je vous dis ? moi, que je m’y oppose formellement.

le bailli. Cela m’est égal, j’ai sa promesse.