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LE RÉPERTOIRE NATIONAL


Scène XIII et dernière.


M. DOLMONT, LE BAILLI, COLINETTE, COLAS, L’ÉPINE.

colinette, (riant.) Oh ! la bonne promesse qu’a monsieur le Bailli !

le bailli, (à part.) La traîtresse ! (haut) N’est-il pas vrai, Colinette, que tu m’as promis…

m. dolmont, (ironiquement.) Est-il quelque loi qui autorise à épouser quelqu’un contre son gré ?

le bailli. Qu’appelez-vous contre son gré ? Une fille qui vient se jeter dans mes bras.

colinette, (du ton le plus méprisant.) Me jeter dans vos bras ! j’aimerais mieux me jeter à la rivière.

m. dolmont. Eh bien ! monsieur ?

le bailli, (à part.) J’enrage ! (haut) Comment tu ne m’as pas dit ?…

colinette. J’ai dit ce que j’ai voulu, pour me jouer de votre crédulité, et venger Colas de la fourberie que vous lui avez faite.

le bailli. O serpent !

m. dolmont. Comment ? quelle fourberie ?

le bailli, (apercevant Colas.) Le voilà le coquin…

M. dolmont. Ah ! te voilà. C’est donc toi qui t’avises de maltraiter les gens, de nuit ?

colas. Excusez-moi, monsieu, n’y a que l’bout d’mon bras qui l’y avons touché l’dos.

le bailli. Impertinent !

colas. Et puis, monsieu, j’voulions vous dire…

m. dolmont. Qu’as-tu à me dire, pourquoi n’es-tu pas venu chercher ton fourniment, comme je te l’avais ordonné ?

colinette. Colas ne s’est pas engagé, monsieur.

m. dolmont Comment ? tu ne t’es pas engagé ce matin ?

colas. Oui, monsieu, mais c’est ly qui m’avons joué ce tour-là.

l’épine, (à part.) Ah ben, v’là qu’est drôle !