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42.me) (Pierre, à Edmond.

[Conſeils difficiles a-ſuivre.]

1750.
20 decemb..


Ça eſt-decidé, mon Edmond ; notre mariage à Fanchon ét à moi, ſe-ſera dans un-mois ; prepare-toi donc pour dans ce temps-là, à-celle-fin d’y-venir avec Urſule : Et ſi m.me Parangon voulait nous en-faire-l’honneur, auſſi-bién que m.lle Tiénnette, notre Père, notre Mère, ma Pretendue ét moi nous en-aurions bién de la joie : ét voici pour cet effet une Lettre de notre chèr Père, ci-incluse : de ton côté n’oublie rién pour les y-engajer. Je ſuis-ſûr de Celle que j’épouse, mon Edmond ; Ça n’eſt pas comme les Filles de la Ville, qui embraſſent le visage de l’Un, ét donnent leur main à baiser à l’Autre, comme je l’ai-vu ſur une eſtampe chés un Chanoine d’Au★★. Te voila debarraſſé : ſonge que tu es encore trop-jeune pour penſer au mariage ; attens que tu ſaches ton état, ét laiſſe à la bonne dame Parangon le ſoin de te chercher une Famme ; car il ſera moins-dangereus d’en-recevoir une de ſa main, que de celle de ton bon Maître. Oh ! le fin-matois, comme il nous engeolait par ſes beaus-diſcours ét par ſon air benin ! Notre Père ét notre Mère ne peuvent ſ’en-taire, quand nous ne ſommes que nous-trois. Ta d.lle Manon prend le bon-parti ; car il paraît qu’elle va ſe-faire-religieuse. Et toi, mon Ami, ſonge à te bién-