Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/225

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comporter ; ſais ſage garſon ; écoute m.me Parrangon ét m.lle Tiennette ; leurs paroles ſont belles ét bonnes ; elles ne ſont que ſageſſe ét prudence, ét je m’y-fie-bién pour toi : mais je me defierais de leurs ïeus : ſarpejeu ! ſur ce qu’on en-dit, comme ils ſont friands ! Tiéns, ils-ſont-traîtres, ſans qu’elles-mêmes elles le ſachent. C’eſt-tout-comme avec Fanchon, quand il arrive quelquefois qu’elle ne fait pas à ma fantaisie ; si je veus gronder, il faut que je baiſſe les ïeus : car ſi je la regarde, me voila mou comme une ſoupe : c’eſt un air ſi-doux ! une petite œillade ſi-mignardone ! ét voila que vous ne favez-plus où ce que vous en-êtes, ét que vous dites tout-juſtement ce qu’il ne falait pas dire. Veille ſur Urſule : on voit mieus pour les Autres que pour ſoi ; par-ainſi ayes l’œil-à toutes ſes demarches ; car elle eft ton acc ? ientée. Autre chose n’ai à te mander, chèr Frère, ſinon que j’ai beaucoup d’ouvrage, êt que malgré ma bonne-envie, je ne te ſaurais-faire de longues Lettres. J’embraſſe Urſule ; Fanchon vous falue tous-deux, ét nos Frères ét Sœurs y-joigneut leurs amitiés.

Lettre du Père R★★, à m.me Parangon,

Madame,

Je prends la liberté de vous eſcribre, à-celle-fin de vous remercier de toutes vos bontés ſi grandes et ſi genereuſes à l’endroit de mes Enfans dont ie conferuerai toute ma vie une trés parfaite recognoiſſance : Car vous eſtes au regard de ma fille, madame, ce que Noëmj fut pour Ruth ; et au regard de mon Fils,