Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/105

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de plaisir. Aujourd’hui, m.me Parangon, avant qu’on ſortit de table, m’a-donné une commiſſion preſſée. Je me-ſuis-levé ſur-le-champ, tant j’avais-hâte de lui obeir. À-mon-retour, je l’ai-trouvée ſeule : Elle m’a-reçu d’un air ouvert ét riant, en-me-disant, qu’elle ne ſortait pas, ét que ſi Je voulais, j’alais lui faire-compagnie ? J’ai, tout-en-rougiſſant, balbucié quelque-chose, qu’elle n’a-pas-compris, ni moi non-plûs, mais qui devait ſignifier, que j’étais-enchanté. Enefet, j’étais-hors-de-moi, tant je me-trouvais-flaté. Elle ſ’eſt-aſſise, ét m’a-fait-mettre à-côté d’elle, en-me-donnant un Livre, qu’elle m’a-prié de lui lire. À-l’inſtant où j’alais-commencer, Tiénnette eſt-entrée, ét ſ’eſt-placée auprès de ſa Maitreſſe pour m’écouter. Je n’ai-pu me-defendre d’une reflexion que voici, mon Pierre : — Comment m.me Parangon, ſi-vertueuse, qui connaît cette Fille, ne la renvoie-t-elle pas ! ét pourquoi la ſouffre-t-elle à ſes côtés ? Il faut être-bonne ; mais je ne crais pas qu’il ſait bién d’être-faible, ét de tolerer le vice-. Le Livre a pour titre, Lettres du Marquis-de-Rozelle. Je lisais rapidement : il ſemblait que le Marquis eût-puisé tout ce qu’il disait dans mon propre cœur. Mais, comme j’ai-été-ſurpris, quand j’ai-vu que Leonore n’était qu’une Fourbe ! j’ai-regardé Tiénnette à-la-derobée. Nous en-étions aumilieu de la I.re Partie, quand on m’a-dit de ceſſer de lire. Nous avons-causé ſur notre lecture ; m.me Parangon a-montré les ſentimens les plus--