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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/107

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mante Fille ! ét je regrette bién qu’il faille y-renoncer ! Je veus prendre encore quelque-temps pour me-decider, depeur de me-preparer un long repentir ; ét toi-même tu ne voudrais pas que j’agiſſe avec precipitation,


20.me) (Le Même, au Même..

[Ce qu’était D’Arras : Converſation ſingulière avec une Jeune-perſone]

1750.
1 octobre.


Je me-ſuis-promené hièr après-diner plus de deux-heures avec le bon Religieus dont je t’ai-deja-parlé, mon Pierre. Je ne ſaurais te rapporter le centième des amitiés qu’il m’a-faites : nous voila, je penſe, amis pour la vie, ét il me l’a-plusieurs-fois-aſſuré. Ce n’eſt pas de ces Devots ſcrupuleus, qui defendent tous les plaisirs, ét qui ne derident jamais ; il permet qu’on ſ’évertue unpeu ; lui-même grave de petits ſujets trèsgais à ſes momens-de-loisir, ét il ſe-prête à de petites parties honnêtes. Par-exemple, après notre promenade, nous avons-goûté dans le jardin du Couvent, avec deux ou trois de ſes Amis, outre quelques Religieus, que le p. D’Arras a-vus-paſſer, ét qu’il a-appelés. Il eſt-fort-confideré dans la Maison, où les Superieurs le laiſſent-agir à-ſa-fantaisie. Il eſt d’une bonne Famille, ét jouit d’une forte penſion, qu’une Sœur unique, richement établie, lui paye exactement : il ne l’emploie qu’à ſe-faire-aimer de tout le monde ; auſſi les meil-