Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/110

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vous à-condition que de-votre-côté, vous ne m’alez-rién-cacher. Avez-vous aimé ? Aimez-vous ?… Je crais que vous rougiſſez ? alons point de mauvaise-honte : la ſenſibilité ne deshonore pas un bon-cœur, ét puis, songez que votre ſincerité ſera la mesure de la miénne ? — Si j’aime ? — Oui ? — J’aimerais, ſi… — Hébién ſi ? — Si je crayais l’être, — Je ne vous crais pas fait pour être-rebuté ! (Sa jolie main ſe-jouait dans les boucles de mes cheveus, en-disant ces mots flateurs.) Celle qui vous a-touché n’eſt pas malheureuse, ét ſi je la connaiſſais, je lui parlerais en-votre faveur ? — Vous êtes bién-bonne, Mademoiselle ! — Mais je crairais l’être pour elle, Vous me-l’alez nommer ? — Vous la nommer ! — Oui ? — Non ! non… — Vous n’osez ? — Je crains… — Que craignez-vous ? de lui-manquer ? —Il eſt des choses qu’on penſe, ſans les oser dire… — Desabusez-vous ; on ne manque jamais à une Fille, en-disant qu’on l’aime, le-lui-dît-on en-face… Elle eſt-bien ? — Oh !… charmante. — Sa taille ? — Comme la Beauté doit l’avoir. — J’entens ; elle eſt d’une tâille avantageuse, ſans être-coloſſale. Brune ? blonde ? Ni l’un ni l’autre peut-être ? — Il eſt vrai ; ſes beaus cheveus… ( je me-ſuis-arrêté, en-regardant les ſiéns qui ſont-cendré)… — Eſt-elle riche ? — Plûſ-qu’il ne faut, pour que j’ose m’élever juſqu’à elle. — Vous n’êtes pas ambicieus ! Avez-vous-jamais-remarqué qu’elle prit à vous quelqu’in-