Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/111

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térêt ? — Je ne m’en-ſlate pas ! aucontraire. — Hé-mais ! il ne faut pas être ſi-modeſte ! — Lorſqu’on ſe-connaît, l’on a-toujours-peur de ſ’abuser. — Faut-il donc nous reduire à la neceſſité de vous dire crûment, qu’on vous aime ?… de vous repeter, on vous aime ?… Un Amant aſſés-boûché pour nous reduire-là, meriterait… Cependant, c’eſt un grand defaut que la presomption ; un Amant presomptueus… oh ! je le deteſterais : la modeſtie, la defiance de ſon merite ont des charmes ſi-doux !.. pourvu neanmoins que cela n’excède pas lesbornes. Par-exemple, je voudrais qu’un Amant (ſi j’en-avais un) à qui je ferais certaines queſtions… avec… une ſorte d’opiniâtreté ; de ces queſtions, là,… ſingulières ; je voudrais qu’il devinât que je ne ſuis-pas-guidée par une frivole curiosité… Voila Tiénnette qui viént nous avertir ; apràs ſouper, nous reprendrons, ét je vous ferai à-mon-tour, des confidences unpeu plus-claires que les vôtres.

Quand nous avons-été-rentrés, j’ai-vu le contraſte le plus-parfait : m.lle Manon était d’un enjoûment qui la rendait mille-fois plus-aimable : Tiénnette d’un triſte mauſſade qui redoublait à-chaque-fois que la Première me-parlait-à-l’oreille. Cette Fille mangeait avec nous ; elle a-quitté la table de-bonne-heure, pour aler ſur la porte, où elle n’eſt-pas-demeurée dix-minutes ; elle eſt-revenue avec m.r Loiseau, que m.lle Manon a-reçu