Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/137

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à l’amour pur, héroïq ; mais ne crayez pas à l’amitié desintereſſée. — Puiſque je vous adore, ma belle Maitreſſe, d’où-viént tous ces diſcours, qui portent le trouble dans mon eſprit ? — Que ce baiser le diſſipe… Edmond ! ah ! fi votre cœur était comme le mién, un mot, un aveu… pourrait nous aſſurer à-toujours notre eſtime mutuelle… Mais vous n’avez-pas-aſſés-vécu. Ne pourra-t-on donc jamais trouver dansle même Objet, votre innocente candeur, ét l’exemption de prejugés… fondés, je le veus ;… mais fondés ſur des chimères, après tout, quand… Infortunée ! — Vous, infortunée ! vous, qui me rendez ſi-heureus, vous ne le ſeriez pas !….. chère Manon ! — Il faut vous l’avouer, Monſieur, vous n’avez-pas-le-premier-remué ce cœur qui vous adore uniquement aujourd’hui. — Mais vous m’aimez ? — Plûſque ma vie. — Autrefois, avant de ſortir de mon endrait, votre premier aveu m’aurait-peiné ; mais aujourd’hui, dès que vous m’aimez uniquement, c’eſt tout ce que je veus. — Quel heureus augure… Vous ne ſeriez donc pas jalous, de ce que… un attachement (bién-different de celui que j’ai pour vous)… Depuis que vous m’aimez ? — Je ſerais une indigne. — Non : puiſque vous m’aimez ſeul aujourd’hui, je me-trouve le plus-heureus des Hommes. — Hébién, mon chèr Amant, plus de ſecrets pour vous ;… je veus ne vous devoir qu’à vous-même ; apprenez… Mais aupara-