Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/138

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vant, vous alez recevoir un ſerment que je ne violerai jamais : Je jure… Ah ! quand le voîle ſera dechiré…, m’aimerez-vous encore ? — Je vous le jure à mon tour (ai-je-repondu) par ce qu’il y-a de plus-ſacré, — C’en-eſt fait-, (a-t-elle-repris)…

En-ai-je-dû craire mes ïeus, chèr Frère ? Manon, la fière Manon m’a-paru vouloir ſe-mettre à mes genous ! Je n’ai-vu ce mouvement que comme l’éclair ; je l’ai-retenue dans mes bras ; je l’ai-mise fur un banc-de-gason ; ét j’ai-pris une poſture faite pour moi, non pour elle. Ses bras ſe-ſont-enlacés autour de mon cou : — Tu m’aimes, m’a-t-elle dit : repète-le moi ſans-ceſſe : à-force de l’entendre je me-perſuaderai peutêtre que j’en-ſuis… Tu ſeras mon Epous, ſais mon Ami,… un Ami tendre, indulgent : pardonne une erreur… que j’abhorre-…

Nous en-étions-1à, quand nous avons-entendu marcher du-côté de la porte, Je me ſuis-levé ; J’ai-vu le p. D’Arras, qui ſ’avançait vers le treillage. Il était-venu de Saint-bris tout-exprès pour nous voir. Manon ét moi nous avons-été à ſa rencontre. Il a-paru-charmé de nous trouver enſemble. Je crais que m.r Parangon, en-paſſfant, lui aura-fait-part de notre mariage, ſous le ſceau du ſecret ; car il nous a-donné de très-belles inſtructions ſur les devoirs des Epous. La manière dont nous l’écoutions lui a-fait plaisir, ét il a-gliſſé quelques louanges fort-delicates