Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/139

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à m.lle Manon : elle en-rougiſſait neanmoins avec grâce, ét pour me-cacher ſon trouble, elle m’a-prié d’aler lui cueillir une fleur aſſés-belle pour la ſaison, qui ſubſiſtait encore à quelque diſtance. Je ne ſais ce qu’elle a-demandé au jeune Père ; mais comme je me-rapprochais, j’ai-entendu qu’il lui repondait : — Il ne le faut pas abſolument. Ce ſera quelque cas-de-conſcience qu’il decidait. Manon m’a-quitté preſqu’auſſitôt ; le jeune Religieus eſt-alé à vêpres, êt moi j’ai-couru chés la Tante de m.me Parangon.

J’y-ai-trouvé ma Sœur ét ſa nouvelle Protetrice ſeules d’un côté, Bertrand avec la bonne dame Canon de l’autre, qui ſ’entretenaient paisiblement. On m’a-dit que j’avais-fait attendre longtemps. J’ai-repondu gue le p. D’Arras était-venu nous joindre dans le jardin. Cette reponſe a-paru ſatiſfaire. — Hébién, mon chère Edmond, m’a-dit la bonne dame Canon, comment vont les progrés ? — Ils ſont-lents, Madame. — Pas en-tout, mon Enfant : mais prenez-garde au port-au-noir ! chaqu’un a ſes vues : Quand le Chat a-méfait, il met de la cendre deſſus. Le Moineau fait ſon nid dans ceux des Hirondelles. Le Coucou pond ſon œuf dans le nid de la Verdière. Qui nous flate, nous gratte, mais ce qui ſuít, nous cuit. La defiance eſt mère de ſûreté ; ét de tout vice, l’oisiveté. M’entendez-vous ? — Très-parfaitement, Madame ; ce que vous dites eſt-