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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/148

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mot à notre rencontre ; ét partant j’y-vas ſuppléer parcelle-ci. Et-d’abord, je commence par te temoigner ma ſurprise, bién-agréable ! d’avoir-trouvé m.lle Manon ſous le berceau, avec m.me ſa Mère ét m.lle ſa Sœur : mais ce que je ne comprens guère, c’eſt que ces Dames n’ont-pas-vu notre Urſule, dont nous venons de recevoir une Lettre ! Quand elles l’ont-dit, je n’avais-pas-encore-ouvert ta Lettre, que je n’ai-reçue que là, ét du-depuis que je l’ai-lue, je ne ſuis-pa-moins-étonné, mais d’une autre-façon. Qu’eſt-qu’ça veut dire, ét qu’eſt-qu’c’eſt donc que m.me Parangon veut manigancer ? Et toi, tu cèdes comme-ça à une Femme qui ne t’eſt de-rién ? Eſt-qu’ça n’aurait-pas-convenu qu’Urſule fût-venue avec ces Dames audevant de nos Père ét Mère ? Le jugement t’a-là-manqué, mon Edmond ! Etpuis je t’ai-trouvé l’air comme damoiseau ét nonchalant ; c’était ta Pretendue qui te-fesait toutes les avances ! T’as-pourtant-vu le contentement de notre bonne-Mère ; comme elle l’a-appelée ſa chère Fille ; comme elle ne la pouvait laiſſer ſ’éloigner d’elle ? T’as-bién-vu comme cette bonne ét belle Demoiselle a-careſſé Chriſtine, Marianne ét Fanchon, ét comme elle leur a-fait de jolis complimens ; ét comme notre Père l’écoutait d’un air riant ét ſatiſfait, lui qui ne ſouffre pas volontiers toutes ces petites drôleries-là ? Quand m.lle Manon t’a-demandé, pourquoi elle n’avait-pas-vu Urſule, qu’as-tu-repondu ? Un regard langoureus, voila ta reponſes ; ét pourtant elle ſ’en-