Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/149

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eſt-contentée : Elle a-même-repondu pour toi à notre Pére, qui te-fesait la même demande. Sais-tu que je t’ai-trouvé-bién-changé ! Tu es-toujours-auſſi-franc, tes Lettres en-ſont la preuve ; mais tu ne le parais plus tant. C’eſt la communication de la Ville apparemment, et ça n’eſt pas ta faute. Ô mon Edmond, reſte toujours comme je t’ai-vu ; ne change pas, mon Edmond ! quand on eſt bién, on ne peut changer qu’en-mal. Je ſuis-ruſtiq, moi, groſſier ; mais vertudié, Vois-tu, je veus être bon frère, bon mari, ét bon fils, en-attendant que je ſois unjour bon père. Voila mes douceurs à Fanchon : ét je ne loue jamais ſa figure ; quand il n’y-aurait point de miroirs, une Femme ſait toujours mieus que Perſone ce qu’elle a de joli : mais je lui prens la main, ét je ne la baise pas aumoins, comme tu fesais à ta Pretendue, ét je lui dis : Fanchon, vous me-paraiſſez bién-ſoigneuse ; vous ſerez bonne-menagère quand nous ſerons enſemble : vous aimez votre Père ét votre Mère ; vous aimerez bién Ceux qui viendront de vous, ét ils vous aimeront bién, ét vous en-ferez de bons-ſujets : nous ſerons toujours de-bon-accord, car vous êtes-douce, ét je ne ſuis-pas-mechant : tout me-reviént en-vous, Fanchon, des piéds à la tête ; ce n’eſt pas que vous ſoyiez plus-jolie qu’Une-autre, mais vous êtes-propre ét tout vous va : vous êtes un-tant-fait-peu delicate ſur le manger, ét tant-mieux ! notre petite Famille en-ſera-mieux-nourrie :