Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/15

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le vice en-donne le goût ; le crime fournit les reſſources ; ét la misère, l’infamie, le ſupplice des Scélerats en-ſont les fruits… Profitez de la lecture de ces Lettres, où vous alez ſuivre la marche de la corruption qui ſ’empare de deux Cœurs naïfs ét droits : Et d’abord vous y-remarquerez, que ce qui a-principalement-acheminé vers la perdition les deux Plûs-méritans de notre Famille, a-été l’envie de connaître les plaisirs dangereus des Villes, qu’ils croyaient plus-délectables centfois qu’ils ne le-ſont ; enſuite l’intérêt, ſi-âpre d’ordinaire chés les Gens-de-campagne, qu’encore qu’ils ayent de l’honneur, ils font-ſouvent-paſſer l’intérêt avant tout : Vous y-verrez comment le jeune Paysan proſpère d’abord un-peu ; comment enſuite il perd petit-à-petit ſes bons ſentimens, deviént libertin, criminel, ét delà tombe dans l’infamie, y-entraîne ſa malheureuse Sœur, la perd toutafait, puis ſe-releve à demi, pour retomber plus-bas. Et quant à Urſule, elle vous devoilera les ſecrets de ſa propre conduite, comme