Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/158

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l’appris indirectement, ét je resolus de fuir ; non pour me-donner à m.r Loiseau, mais pour éviter d’être à Ce-que-j’abhorrais : loin d’y-applaudir, mon Amant combattit d’abord ma resolution, ét ne ſe rendit qu’à la neceſſité,

» Après avoir-quitté la maison de mon Père, je demeurai huit jours dans un Village écarté, où je feignis d’être-malade : j’attendais, pour en-partir, le ſignal que m.r Loiseau devait me-donner, que Ceux qui avaient-ſuivi mes traces, étaient de-retour. Lorſque j’arrivai dans cette Ville, j’étais inconnue à tout le monde, comme tout le monde m’y-était-inconnu. Je deſcendis à une hôtellerie obſcure, dont le Maitre, nommé Tourangeot, y avait-été tartare dans les Troupes, puis domeſtiq de m.r Parangon, qui l’avait-toujours beaucoup-aimé : je n’en-doute pas ; car pour ſingulière preuve d’affection, il lui avait-fait-épouser une Servante, qu’il avait-ſeduite ét rendue mére avant ſon mariage. Je dis à l’Hôteſſe (cette même Famme qui avait-appartenu à m.r Parangon), que je venais pour entrer en-ſervice. Dès que je lui eus-fait cette confidence, que mes habits ét ma façon n’annonçaient guère, on prit avec moi un air fort-libre. Le ſoir, je voulus me-coucher de bonne-heure ; l’Hôteſſe me-dit d’attendre unpeu, que je ſouperais avec eux : Je ne voyais point d’Étrangers ; j’y-conſentis ſans-peine. Mais comme on alait ſe-mettre-à-table, je vis entrer un Homme de la Ville,