Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/168

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pela m.lle Manon, pour vous voir dans votre équipage de Campagnard, ét il lui dit : — Voila le Protegé de ma Femme -! Elle vous obſerva longtemps avant de paraître. Vous ſavez la conduite qu’elle a-d’abord-tenue à votre égard. Pour moi, monſieur Edmond, je vis en-vous, dés le premier jour, un Jeunehomme eſtimable par ſes mœurs, fait pour être l’ami de m.r Loiseau ét le mién, Vous aviez bién d’autres droits ſur mon cœur : Je vous apprens que c’eſt Madame qui avait fait-ſonder vos Parens, par un Huiſſier de V★★★, pour leur faire-naître l’idée de vous mettre à-la-Ville : elle vous avait-vu, avant ſon mariage, chés ſon Père ; ét depuis, elle vous rencontra un jour ſur le chemin de Luci, que vous conduisíez le troupeau de vos Parens à la rivière pour l’y-faire-laver ; elle fut-charmée de votre converſation decente avec les Jeunes-Villageoises qui vous accompagnaient, tandis que vos Camarades ne leur disaient que des groſſièretés obſcènes. Elle ſouhaita de vous tirer du Village, ét elle temoigna ce desir à ſon Père. Vous imaginez qu’elle a-été-bién-fâchée de ſe-trouver abſente lors de votre arrivée ici, dont je l’informai auſſitôt ! elle m’écrivit d’avoir-ſoin de vous dedommager de tout ce que vous auriez à ſouffrir de vos Co-élèves, ou même de m.r Parangon : ét ceci vous donne la cléf de mes premiers procedés à votre égard. Mais d’un autre côté, votre candeur ayant-repondu aux idées qu’en-avaient le