Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/174

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je vous l’avoue de ſa part ; mais lui fuſſiez-vous indifferent, odieus-même, elle ne ſouffrirait jamais qu’on trompât un honnête Jeunehomme de la manière indigne dont on ſe-proposait de le faire avec vous. Qu’un Tourangeot, une âme vile, épouse, en-le-ſachant, la Concubine de ſon Maître, il avait pour le faire une raison valable aux ïeus d’un Homme tel que lui, l’interêt : mais vous, monſieur Edmond, que le bonheur attend, ſi vous ſavez le meriter, vous deviendriez le voile meprisable dont on couvrirait une criminelle intrigue… Non, vous ne ſerez pas-avili juſque-là… Calmez votre douleur ; ſèchez ces larmes, qui ne doivent être que de honte d’avoir-été-joué. Madame ſ’occupe d’un projet qui ne vous laiſſera ni regrets, ni confusion : une Jeuneperſone plus-belle… — Serait-ce la jeune Edmée (ai-je interrompu avec émotion ?) — Enverité, cette aimable Fille ſerait bién-capable de vous dedommager ; mais, ſi j’en-crais certains mots échappés à Madame, c’eſt mieus encore. Vous ne devez pas voir de-ſitôt le Parti qu’on vous deſtine ; elle eſt trop-jeune : Ce ne ſera que dans l’âge où elle ſera-formée, accompagnée de toutes les grâces, qui donnent le prix à une Fille, ét la font aimer, qu’on ſe propose de vous la montrer. M.me Canon eſt-ſur-le-point de partir pour Paris ; elle eſt riches ; elle y-a du bién, qui doit appartenir à Madame ét à ſa Sœur ; le projet eſt-fait, entre la Tante ét la Niéce, de mettre