Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Demoiselle qu’on vous deſtine avec votre Sœur Urſule ſous la conduite de m.me Canon, ſoit dans une maison eſtimable de la Capitale, où Madame eſt-cherie ; ſoit en-particulier avec la Tante de Madame. Vous ſentez que les Jeunesperſones prendront-là toutes deux, ſans danger pour leurs mœurs, ces airs aisés qui vous ont-ſeduit. Madame ne prevoyait guère, lorſqu’elle vous fit-cacher l’arrivée de votre Sœur, que tout dût tourner de la ſorte, ét que vos Parens fuſent ſur-le-point de venir : mais, d’aprés ſon nouvel arrangement, Urſule doit ſe-montrer tantôt, ét Madame tâchera de le faire-approuver à votre Père ét à votre Mère : elle ne ſonge qu’à votre avantage, à tous-deux ; c’eſt le but de toutes ſes demarches. Un motif puiſſant l’y-determine. — Eh ! quel eſt-il ? — Madame n’a point d’Enfans ; elle eſt preſque ſûre de n’en-jamais avoir ; elle vous regardera comme ſon Frère : c’eſt un parti pris, ét que rién ne changera : m.r Parangon vous fesait une donation conditionnelle, par le contrat-de-mariage avec m.lle Manon, de la plus-grande partie de ſon bién, dans le cas où il n’aurait pas d’Enfans : Madame fera plûs encore, ét ſi la mort l’enlevait, vous ſeriez ſon legataire uniq, ſans que ſa Famille pût ét voulût ſ’en-plaindre. Aimez-la donc comme une Sœur tendre ; elle en-a pour vous tous les ſentimens. Bién-loin d’être-emportée contre ſa Cousine par la jalousie, le plus-ſincère de ſes desirs, auſujet de ſon Mari, ſerait qu’il ſ’attachât à